Les avions de transport militaire ont quelque chose de mythique, en particulier dans la pop culture. On en saute en parachute, on les utilise pour mener des opérations spéciales ou on utilise leurs immenses soutes pour des scènes d’actions toutes plus farfelues les unes que les autres. Mais pour l’heure, aucun scénario n’a osé intégrer une tendance lourde des avionneurs, qui consiste à transformer un transport en plateforme de tir pour missiles.
Ci-dessus: un KC-130J équipé du kit d’armes aéroportées Harvest Hercules (HAWK).
La révolution du Close Air Support
La Guerre Froide et l’avènement de la chasse à réaction ont mis fin au règne des grands bombardiers de la Seconde Guerre Mondiale. Mais leurs héritiers, les cargos militaires, ont survécu et continué à se moderniser avec un grand nombre de success stories, que ce soit en Amérique (le Hercules et le Galaxy notamment), en URSS (les Antonov qui sont, rappelons-le, ukrainiens), ou en Europe (le Casa et l’A-400M pour ne citer que les plus récents).
Un C-130H argentin équipé de bombes en 1982.
La pop-culture s’est aussi emparée de la version « combat » de l’Hercules, et a élevé l’AC-130 Gunship au rang d’icône de la destruction, avec une « mort venue du ciel » (titre de la mission mythique de Call Of Duty Modern Warfare).
Pourtant, dans la réalité, le Close Air Support (appui-feu aérien rapproché) subit depuis une vingtaine d’années une petite révolution, sous l’effet combiné de deux tendances lourdes :
- La première est que les avions de combat coutent de plus en plus cher tant à acheter qu’a entretenir et à faire voler. De fait, ils sont de moins en moins nombreux, et sont recentrés sur leurs missions principales, à savoir la chasse et la pénétration des défenses aériennes ennemies ;
- La seconde est que les missiles sont de plus en plus précis et que, à condition d’être correctement orientés sur la cible (notamment avec un guidage laser par le sol ou par les airs), sont parfaitement autonomes à partir du moment où ils sont tirés.
Cela a donc logiquement conduit les forces aériennes et les avionneurs à imaginer transformer des avions moins onéreux, comme les turbopropulseurs ou les avions de transport, en plateforme de tir low cost mais tout aussi efficaces.
Les Iraniens ont également testé les bombes lisses depuis C-130. Sans grande réussite.
Le C130, un avion Old School de nouvelle génération
A tout seigneur tout honneur… l’Hercules C-130 a encore de beaux jours devant lui : outre sa version hydravion dont nous avons déjà parlé, plusieurs solutions pour lui faire tirer des missiles ont été présentées. La plus classique passe par des pods sous les ailes, mais on a aussi pu voir une porte arrière transformée en lance-missiles ou une porte latérale convertie en éjecteur à air comprimé pour de petits missiles de type Brimstone.
Projet français par Sagem, Rafaut and AA / ROK pour des bombes guidées AASM.
Le C-130 est aussi la machine privilégiée pour des projets d’armes laser, ainsi que pour le projet Gremlins, qui ambitionne de déployer des essaims de drones d’attaque réutilisables et, de fait, en mesure d’être récupérés en plein vol. Plus récemment, des tests de missiles de croisière « palettisés » ou de missiles antinavires ont également été menées.
Bien évidemment, c’est le C-130 Commando, la version dédiée aux opérations spéciales, qui a été choisie pour accueillir ces solutions, qui se superposent à des capacités de transport, d’aérolargage et d’atterrissage et de décollage sur des pistes sommaires, qui restent des prérequis pour l’USSCOCOM.
Smaller but stronger
Dans la même veine que le C-130, mais avec un ici un appareil moins imposant, Airbus a présenté deux versions armées de son petit transporteur tactique C295 :
- Un « gunship », équipé de mitrailleuses de 12,7mm ou d’un canon de 27mm ;
- Un bombardier doté de points d’emports pour des missiles (y compris antinavire) ou des paniers de roquettes guidées.
Descendons encore d’un cran, avec un cas très particulier, un appareil plus petit, et surtout plus rustique : le MC145B Coyote, version modifiée et armée du vénérable M28 Skytruck. Capable de se poser en environnement austère, ce robuste appareil peut emporter une petite équipe tout en déployant des bombes ou missiles guidés.
Cela rappellera un peu la militarisation des turbopropulseurs agricoles, ou même de certains hélicoptères civils. Une vraie tendance qui devrait largement convaincre dans certaines régions du monde.
Appliqué au jeu vidéo, ces appareils peuvent constituer un riche élément de gameplay, servant à la fois de base mobile, de système de soutien à améliorer progressivement durant une campagne.