Les images qui nous parviennent du conflit ukrainien rappellent chaque jour à quel point la survie d’un char sur un champ de bataille de haute intensité est difficile. Alors, pour se protéger de missiles toujours plus performants, le salut se trouve-t-il, pour les tanks, dans les systèmes de protection active, et notamment les fameux « hard kill » ?
Ci-dessus: le blindage additionnel rudimentaire de ce char russe en Ukraine n’a pas suffi.
Les design innovants
Nous l’avons vu avec les MRAP, la qualité d’un blindage ne réside pas simplement dans l’épaisseur du métal qui le compose. Il existe en effet de multiples façons de protéger un véhicule blindé ou son équipage. Parmi elles, l’intégration, dès la conception, de solutions innovantes :
- l’inclinaison des surfaces comme sur les forteresses du XVIIIe siècle ou les premiers cuirassés pour faire ricocher les obus;
- le placement du bloc moteur à l’avant du tank comme sur les Merkava israéliens, qui va arrêter le projectile en préservant l’équipage, même si le char est neutralisé;
Le char Merkava israélien est l’un des mieux protégés au monde.
L’utilisation de briques réfractaires dont le but est d’empêcher le projectile (principalement les obus-flèche, mais aussi les missiles de première génération) de percer le blindage. Apparues durant la Seconde Guerre Mondiale sur les Panzer (le fameux Zimmerit), elles deviennent communes à partir des années 80. Sur les nouvelles générations de blindés, les briques sont même, la plupart du temps, directement intégrées à la coque lors de sa fabrication.
Jupes protectrices sur un Panzer IV allemand durant la Seconde Guerre Mondiale.
Les solutions additionnelles
Pour les anciennes générations de blindés, ou face à de nouvelles menaces comme les missiles modernes ou les nouvelles charge AT tirées par les RPG, il est indispensables de s’équiper en solutions additionnelles :
- les briques additionnelles, appelées “blindages réactifs explosifs”, sont destinées à neutraliser les projectiles à charges creuses. Apparues sur les blindés israéliens déployés au Liban dans les années 80, elles sont ensuite devenues une solution efficace de renforcer les anciennes générations de blindés confrontés aux missiles modernes ;
On distingue clairement les briques réactives sur ce T-72 russe modernisé.
- les grilles de protection, dont le but est d’opposer un obstacle au projectile (principalement les RPG ou les missiles) et de le faire exploser avant son impact direct sur le blindage. Des schürzen (jupes) des panzers allemands, jusqu’à la rudimentaire « cope cage » vue en Ukraine, en passant par les « cages à oiseau » des Stryker en Irak, ce n’est pas la solution la plus esthétique, mais elle est efficace…
Un blindé Stryker de l’US Army en Irak.
Les systèmes « soft kill »
En plus des blindages principaux ou additionnels, les chars ont rapidement été équipés de solutions « soft kill », c’est-à-dire de systèmes ajoutés à la plateforme pour lui fournir des options de dissimulation ou de brouillage.
Dès la Seconde Guerre mondiale, on en retrouve le premier exemple avec l’ajout de lance-fumigènes sur les tourelles, mais avec l’arrivée des premiers missiles AT vont s’ajouter d’autres capacités comme les brouilleurs infrarouges fonctionnant littéralement comme des leurres, ou encore des lasers aveuglants.
Les brouilleurs infrarouges du T-90 lui donnent un look vraiment badass !
C’est aussi pour cela que les forces de l’OTAN s’appuient, à partir des années 70, sur des solutions aériennes pour « tuer » du char russe : en effet, aucun brouillage ne dévie les obus du canon Avenger d’un A-10 …
Le « hard kill » : solution miracle ?
On le voit aujourd’hui : les chars russes sont équipés de blindages additionnels ou de brouilleurs, mais cela se révèle bien inefficace face aux missiles de dernière génération, et notamment ceux, comme le Javelin, disposant d’un mode d’attaque « fire and forget » par le dessus, là où le char est le plus vulnérable. C’est pourquoi plusieurs pays ont développé ces dernières années, les systèmes dit « hard kill ».
Sur le papier, l’idée est simple : grâce à un radar à 360°, le char va pouvoir détecter un projectile en approche et déclencher automatiquement un jet de projectile (volée de plombs ou bâtons explosifs par exemple) dans sa direction, avec pour but de le faire dévier ou exploser avant impact.
La technologie est aujourd’hui mature, grâce à des capteurs et surtout des ordinateurs capables de traiter la menace en quelques millisecondes, et son efficacité est redoutable. Pour autant, un système « hard kill » reste complexe, lourd (plusieurs tonnes), et très onéreux, et ne protègent au final que des missiles et des roquettes.
Les systèmes les plus en pointe sont le Trophy et l’Iron Fist israéliens. C’est un succès commercial qui s’impose dans de nombreuses armées, au détriment notamment de plusieurs solutions américaines et de l’Afganit russe.
Finalement, la meilleure chance de survie d’un char n’est-elle pas à chercher dans une protection assurée soit par l’infanterie, soit par des blindés spécialisés comme le BMP Terminator ? La question reste ouverte. En tout état de cause, cette multiplicité de solutions mériterait d’être explorée dans le jeu vidéo, pour donner encore plus de piment à des combat épiques tels que certaines missions des Ghost Recon canoniques ou de Call of Duty…