Les jeux vidéo et le cinéma sont friands d’armements modernes, voire de prototypes qui sont souvent mis en avant dans les blockbusters ou les AAA. Pour autant, ce vernis d’authenticité militaire est-il, justement, réaliste sur le plan opérationnel ? Rien n’est moins sûr, dans la mesure où beaucoup de ces engins n’ont jamais affronté l’épreuve du feu, et acquis le titre de « combat proven ».
Ci-dessus: le Rafale, fiable et polyvalent, est l’exemple parfait d’un matériel dont le succès a été forgé par la preuve opérationnelle – photo Dassault Aviation.
La vérité vient du terrain
La notion de « Combat proven » (ou en bon français : la preuve opérationnelle) est plutôt simple : elle désigne un équipement militaire a prouvé son efficacité au combat…
Le désormais célèbre missile Javelin.
Cela peut paraître diablement logique, et pourtant, elle ne va pas forcément de soi : beaucoup de matériels militaires n’ont, en réalité, jamais connu de déploiement opérationnel ou de production en série, mais ont fait l’objet d’une active propagande étatique (comme les « armes miracle » russes), ou plus simplement de publicité faite par leur constructeur.
De fait, l’histoire de la guerre est remplie de matériels vendus massivement à des armées, et qui une fois sur la ligne de front se sont retrouvés aux mieux inadaptés, au pire totalement défaillants, et qui sont pourtant élevés au rang d’icônes.
On pensera par exemple à la mitrailleuse Gatling, dont le manque de fiabilité était tel qu’elle a été abandonnée moins de 3 ans après son entrée en service, ou les iconiques Tigre allemands qui se trouvaient être, en réalité, de véritables calvaires mécaniques et logistiques.
Le char Tigre fait l’objet d’une légende erronée.
Le meilleur contre-exemple de cette notion est peut-être le Rafale. Longtemps boudé sur les marchés, principalement en raison de son coût, l’appareil a soudainement connu une success story commerciale le jour où l’armée de l’Air a commencé à l’employer massivement pour ses missions, avec fiabilité et réussite (contrairement à son concurrent européen, l’Eurofighter Typhoon, qui en comparaison n’a été que rarement confronté à une mission de combat).
Au premier plan, un Typhoon britannique. Au second, un Rafale français.
Le « Combat proven » et le jeu vidéo
Alors même que les grands studios invoquent un respect, une précision quant à l’authenticité militaire, qu’en est-il vraiment ? Nous avons déjà largement battu en brèche ce concept dans la gestion de la gestuelle militaire ou certains types d’armes comme les SMG ou les Shotguns, et il en va hélas de même avec les véhicules… En fait, alors que les éditeurs clament travailler avec des spécialistes (et les écouter), c’est avant tout le marketing qui oriente les choix.
Les Leopard 2 sont redoutables sur le papier, mais l’armée allemande souffre de graves problèmes de disponibilité.
Ainsi, un jeu multijoueur compétitif comme War Thunder, où les joueurs s’opposent en prenant possession de chars, avions ou navires, doit entretenir son système économique free to play en ajoutant sans cesse de nouveaux véhicules, dont des prototypes. Et voilà que l’on s’y retrouve avec des nations dominantes in game comme l’Allemagne contemporaine (un pays qui ne fait pourtant pas la guerre, et qui est donc largement épargné par le Combat proven), ou la Russie (dont les matériels sont étrangement surcotés en raison d’un propagande « vitrine » qui est aujourd’hui démentie par l’expérience ukrainienne).
La redoutée force mécanisée russe a largement déçu en Ukraine.
Ce phénomène touche plus globalement la plupart des Triple AAA, qui s’éloignent de leurs promesses initiales d’authenticité pour jouer sur un effet « badass » et marketing. C’est l’exemple du V-22 Osprey, un appareil somme toute fragile, utilisé à l’outrance sous le feu virtuel, ou bien sûr d’avions des combats de dernière génération (y compris furtif, un non-sens !) que l’on voit virevolter en rase-motte à travers les tirs de DCA.
https://www.youtube.com/watch?v=ZcsE8HnhcGE
Heureusement, le respect de l’authenticité, ou même des spécificités des matériels, est la plupart du temps respecté dans le tactical ou dans la simulation. Si vous cherchez de l’authenticité et du réalisme, c’est donc vers eux qu’il faut se tourner.
Les exemples de matériels qui font mentir le « Combat proven » sont légion dans le jeu vidéo ou le cinéma. Sur Taisson, nous nous employons à défendre l’authenticité avant tout, pour une meilleure profondeur d’expérience, tant dans le gameplay que dans la narration. N’hésitez donc pas à participer à la discussion ou à nous solliciter pour des conseils.