Des unités spéciales légères, nomades, à qui s’offre un immense théâtre d’opérations : le nouvel opus de la série Ghost Recon ? Hélas non, il faudrait une certaine audace scénaristique et renoncer aux microtransactions ! Nous allons plutôt parler d’une unité mythique dans le monde des Forces Spéciales : le Long Range Desert Group, au cœur de la guerre du désert entre 1940 et 1943.
« Panzer rollen in Afrika Vor »
En février 1941, les troupes italiennes basées en Libye sont acculées par la VIIIe armée britannique qui a lancé une vaste contre-offensive à partir de l’Egypte. Elles appellent donc à l’aide les Allemands, qui déploient en urgence un corps expéditionnaire connu sous le nom d’Afrika Korps et commandé par le légendaire général Rommel, qui rétablit rapidement la situation…
A Alexandrie, le quartier général britannique est paniqué, et c’est dans cette période troublée que de petites unités tentent d’apporter des solutions innovantes à la « guerre du désert ». Parmi elles, celle du major Ralph BAGNOLD, un spécialiste du désert qui a passé la majeure partie de sa carrière en Egypte et est imprégné des exploits de Lawrence d’Arabie.
Une unité de corsaires
Rommel comparait souvent la guerre dans le désert aux opérations navales, où les points d’eau étaient les ports et les dunes des sortes de récifs largement infranchissables. La reconnaissance et l’effet de surprise étaient donc essentiels.
Pour BAGNOLD, l’idée est donc de créer une unité largement autonome, équipée de moyens légers et capable de mener des opérations de renseignement loin derrière les lignes ennemies. Pour ce faire, il rassemble autour de lui une équipe de francs-tireurs Anglais, mais surtout Australiens et Néo-zélandais, qui développent rapidement un esprit de corps proche des corsaires d’antan en servant la Couronne, mais en appliquant leurs règles.
Les rois du désert
Pour survivre dans le désert, les hommes du LRDG s’inspirent de ceux qui y vivent depuis des millénaires : ils tissent des relations étroites avec les tribus bédouines, adoptent leurs vêtements et surtout leurs techniques ancestrales.
Ils innovent aussi sur plusieurs points, et notamment en délaissant les véhicules militaires pour l’iconique Chevrolet 30CWT, un véhicule utilitaire civil qu’ils modifient pour en faire un engin parfaitement adapté à la survie dans le désert pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Avec lui, ils inventent, puis perfectionnent sans cesse la technique du franchissement de dunes, qui leur assure de passer là où les autres s’enlisent. Et enfin, ils inventent le compas solaire, qui leur permet de « naviguer » sur la mer de sable.
Alors que le LRDG est initialement spécialisé dans la reconnaissance, il va très vite passer à l’action armée, sous la forme de raids audacieux, sous l’impulsion d’une autre unité : le Special Air Service de David STIRLING. Les deux unités vont largement coopérer pour devenir le cauchemar des forces de l’Axe en multipliant les sabotages d’aérodromes ou de dépôts de carburant.
De bons clients pour le jeu vidéo
La guerre du désert a été relativement bien traitée dans le jeu vidéo : plusieurs wargames y sont consacrés, ainsi que des RTS, comme Desert Rats Vs Afrika Korps (2004) ou plusieurs missions de la légendaire série Commandos.
Pourtant, la plupart de ces jeux font l’impasse sur le fait que la campagne d’Afrique du Nord est aussi très largement marquée par la naissance et l’utilisation intensive, surtout par les Alliés, des premières unités spéciales. A ce titre, un seul jeu a durablement marqué l’imaginaire des joueurs (mais hélas plus pour ses bugs que son gameplay) : Hidden and Dangerous, qui s’inspirait très largement des missions du Special Operations Executive.
On peut donc rêver à un Open World qui rendrait enfin hommage aux LRDG en intégrant le crafting des véhicules, la maitrise des techniques de survie et les aléas de la guerre du désert, tout en bénéficiant d’un scénario historiquement réaliste, comme pourrait l’être un jeu basé sur l’histoire des Stay-Behind…