La plupart des hélicoptères, qu’ils soient civils ou militaires, sont conçus comme des plateformes particulièrement modulables, de véritables couteaux-suisse capables de s’adapter à différents types de missions. Pour autant, militariser un hélicoptère civil (ou le « crafter » pour reprendre un terme de gamer) n’est pas aussi facile qu’on pourrait le penser. A moins que…
La tradition des Alter Ego
Pour des raisons évidentes de maitrise des couts, il y a bien longtemps que la plupart des modèles d’hélicoptères moyens ou lourds sont déclinés en version civile et militaire. Souvent, les modèles civils dédiés aux applications de sécurité civile (sauvetage en mer, lutte anti-incendie) ou d’industries spécialisées (transfert de personnel sur les plateformes offshore) sont, de par leurs contraintes de rusticité et de fiabilité, très proches des cahiers des charges exigés par les militaires.
Pour autant, un hélicoptère de combat va toujours plus loin en termes de redondance ou de motorisation, qui doit notamment absorber le poids supplémentaire d’une structure renforcée, d’un blindage ou de systèmes d’arme ou d’observation, et permettre des manœuvres évasives…
Dès lors, son développement coûte extrêmement cher, et ce même si on dispose d’une base civile éprouvée et appréciée (ce qui ne garantit d’ailleurs pas son équivalent dans une utilisation militaire).
Du bricolage aux solutions hybrides
S’il est bien une tendance à l’œuvre dans le monde militaire, c’est celle de la militarisation de plateformes civiles, et nous avons déjà évoqué ce concept dans le cadre du CAS ou de la projection maritime pour les opérations spéciales.
D’abord réalisée de manière artisanale par quelques soudures et le montage de mitrailleuses ou de paniers de roquettes (sans forcément respecter le cahier des charges), la « militarisation » d’appareils civils s’est progressivement professionnalisée, avec l’apparition de solutions « clé en main » pour l’appui rapproché, mais aussi le renseignement et les missions de recherche ou de sauvetage.
Depuis quelques années, des constructeurs réfléchissent aussi à plus de modularité pour les armes embarquées. Airbus par exemple, avec son concept « H-Force », propose un système plug’n play où les matériels sont interchangeables d’un aéronef à l’autre.
Pour autant, il s’agit toujours de solutions hybrides, qui tentent de faire cohabiter deux mondes qui n’avaient pas vocation à se rencontrer…
Militariser un hélicoptère civil, une bonne idée ?
La pandémie et la crise qu’elle a provoqué pour le secteur aéronautique a conduit la plupart des constructeurs à adopter une solution encore plus pragmatique : la véritable « militarisation » de variantes commerciales, au prix d’un passage de quelques jours dans les mains d’une équipe spécialisée.
Cette tendance lourde est observée sur les derniers salons d’armement, et le fabricant le plus en pointe sur le sujet semble bien être l’américain BELL. Avec sa solution « HOSS » (Pour Huey Ordnance Store System) , il propose de transformer tous type d’hélicoptère commercial en engin militaire, pour un coût réduit et avec la garantie de bénéficier très rapidement d’une plateforme fiable et performante.
De fait, plusieurs armées du Moyen-Orient ont, d’ores et déjà, choisi de militariser le Bell 407 avec un panel complet d’armement, mais aussi des capteurs et des systèmes de vision nocturne. Seul bémol : la puissance moteur qui reste largement « civile » et ne permet ni l’emport d’un blindage conséquent, ni des performances accrues au combat.
Dans tous les cas, la militarisation des appareils civils offre des opportunités particulièrement intéressantes pour le jeu vidéo, où crafting et customisation font aujourd’hui partie intégrante du game design.