Monstres d’acier conçus pour l’assaut amphibie, les aéroglisseurs, ou Hovercrafts, sont des icones de la pop-culture, et en particulier du jeu vidéo. On les voit par exemple, en 2011, foncer sur Hambourg dans Call of Duty Modern Warfare 3, ou être au cœur des affrontements de Battlefield 2042 (même si leur utilisation dans ce dernier est totalement irréaliste).
Des hovercrafts pour quoi faire?
Les aéroglisseurs militaires sont des engins massifs déployables qui fonctionnent sur un principe simple de la portance aérostatique sur coussin d’air sous faible pression, associée à la propulsion aérienne.
D’abord développé pour le civil, les aéroglisseurs ont pour mission d’établir des liaisons rapides entre des côtes peu éloignées, ou de pouvoir se déplacer rapidement sur des terrains marécageux ou glacés. Ils sont pourtant mis en retrait à partir des années 70 en raison de la multiplication des liaisons aériennes, et de l’augmentation du cout du carburant dont ils sont très consommateurs.
Les aéroglisseurs militaires répondent, globalement, aux mêmes besoins : projeter rapidement des forces importantes sur une plage, mais avec des doctrines différentes selon les pays… Et même s’ils n’ont jamais participé à la moindre opération amphibie d’envergure, ils restent en service dans quelques unes des principales forces armées du monde.
Instrument de prédilection pour le futur de l’US Navy ?
Les Marines, pour lesquels le débarquement amphibie est inscrit dans les gènes, et l’US Navy étudient le concept d’hovercraft depuis les années 1970. L’idée est de disposer d’engins rapides capables de projeter rapidement de grandes quantités de forces sur les plages à partir de navires de débarquement (comme les porte-aéronefs de classe Wasp) ou depuis des bases côtières.
Plusieurs prototypes d’engins lourds ne verront pas le jour, mais la Navy est dotée depuis 1984 du L.C.A.C. (Landing Craft Air Cushioned), une bête de 26 mètres et 182 tonnes à pleine charge. Entre 1987 et 2001, 91 modèles sont produits et servent notamment pendant la Guerre du Golfe.
Avec l’intensification des opérations dans la zone Pacifique, les hydroglisseurs redeviennent un engin particulièrement intéressant (comme l’hydravion d’ailleurs) et 68 LCAC vont être modernisés en attendant l’arrivée d’un nouvel engin, porté par le programme Sea Base–to–Shore Connector (SSC).
Les monstres russes et chinois
Pour l’URSS, la conception, à partir des années 60, d’engins géants, hydroglisseurs et ékranoplanes s’explique principalement, dans la perspective d’un conflit avec l’OTAN, par la nécessité de saisir au plus vite des détroits en Mer Noire, en Caspienne ou dans la Baltique en y projetant beaucoup d’hommes et de blindés, à même d’établir de solides têtes de pont.
C’est ainsi que naissent le Murena ou l’iconique Zoubr, long de 57 mètres, le plus gros hydroglisseur au monde, équipé de lance-roquettes multiple et pouvant transporter 500 hommes ou 3 chars lourds. Aujourd’hui, portée par ses ambitions en mer de Chine, la marine chinoise est devenue l’un des principaux utilisateurs d’hydroglisseurs lourds avec 2 Zubr, ainsi que plusieurs modèles produits localement comme le Type 726 “Yuyi”. De quoi à se confronter rapidement aux LCAC et à leurs successeurs…
Au même titre que les portes hélicoptères ou autres bases flottantes , ou même les appareils convertibles « tiltrotor » ou hydravions, les hovercrafts auront probablement un rôle important à jouer dans les conflits de demain, où les opérations amphibies sont déjà appelées à être déterminantes. Une bonne raison d’en comprendre l’intérêt, et de les intégrer au plus vite (et de manière cohérente) dans les scénarios…