Depuis une vingtaine d’années, le cinéma et les jeux vidéo font la part belle aux jumelles de vision nocturne (JVN). Mais, mis à part quelques expériences visuelles extrêmement convaincantes comme Call of Duty Modern Warfare, très peu s’approchent de la réalité et des limites du système, se contentant la plupart du temps d’un filtre vert calqué sur l’écran…
La nature comme inspiration, la technologie comme solution
Si, depuis la nuit des temps, l’homme a bien compris que voir la nuit procurait des avantages certains, il a aussi dû se rendre à l’évidence : même avec l’aide de potions magiques et de grigris, il reste l’une des espèces les moins bien pourvues par la nature dans ce domaine !
C’est pourtant la nature qui va inspirer les deux principales solutions technologiques pour « voir la nuit » :
– La vision thermique : comme les serpents (ou le Predator), l’homme va développer des systèmes capables de modéliser des images à partir de zones de chaleur.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, Allemands et Américains misent sur des « projeteurs à infra-rouges », systèmes passifs encombrants et énergivores qui préfigurent les caméras thermiques d’aujourd’hui;
L’intensification de lumière : comme les félins, on peut amplifier la lumière présente la nuit (lune, étoiles…) par le biais de tubes chargés principalement de photons, et obtenir ainsi, au travers de jumelles, une image relativement nette et de couleur verte (celle qui fatigue le moins l’œil humain).
Testée pour la première fois au Vietnam, l’IL sera démocratisée durant la Guerre du Golfe en 1991. Elle est depuis devenue un équipement standard de toutes les armées modernes, et ne cesse de se moderniser en matière d’ergonomie (il est notamment directement monté sur les casques), de qualité d’image et de champ de vision (FOV).
Les deux technologies ont leurs avantages et leurs inconvénients : le thermique permet de rapidement localiser des cibles, mais pas de les identifier avec précision. l’IL, quand à elle, pose principalement un problème de contraste.
Le jeu vidéo et les JVN
Il est assez étonnant de constater que certains des jeux les plus marquants de ces dernières années ont fait le choix de la technologie « thermique » pour donner une identité particulière à leur personnage. Nous nous souvenons tous des « tritubes » de Sam Fisher dans Splinter Cell, même si dans la réalité, la vision thermique est aujourd’hui destinée à l’observation et surtout au tir à partir d’un véhicule…
On pourrait aussi faire une liste extrêmement longue des erreurs et approximations relevées dans l’utilisation des JVN dans les jeux vidéo, comme des combats dans des tunnels sans lumière, ou encore une absence de gestion des ombres, pourtant extrêmement présentes dans la pénombre.
Pourtant, c’est peut-être du jeu vidéo que viendra le futur de la vision nocturne. De nouvelles jumelles récemment révélées par l’US ARMY et Google montrent une vision en « fil de fer » qui rappelle le Virtual Boy de Nintendo, mais qui révèle surtout un niveau de détails et d’informations tactiques inégalés.