Tout spécialiste de Tower Defence vous le dira : une fortification efficace repose avant tout sur la bonne couverture de la totalité des angles. Une recette que les moyens modernes ont permis de dépasser. Mais, parfois, les bonnes vieilles méthodes permettent de s’assurer rapidement une défense en zone hostile.
Ci-dessus : l’œuvre du 17ème RGP de l’armée de Terre française en 2018, au Mali.
En 2010, cette scène mémorable de Call of Duty Black Ops en 2010 nous mettait dans une situation bien périlleuse: celle des défenseurs d’une base avancée américaine au Vietnam.
Contrôler le terrain
En vérité, à la guerre, les armes ont changé, mais pas certaines règles. L’une d’elles, primordiale, revient à s’emparer de la meilleure position, la fortifier, puis la tenir. Et dans le contexte moderne des opérations extérieures, les armées se sont spécialisées dans la construction des fameuses FOB, postes avancés devant permettre de tenir des zones clés d’un territoire.
L’OTAN en a par exemple bâti des centaines (toujours de forme carrée, ou rectangulaire) dans les vallées ou sur les pitons afghans, en choisissant soigneusement leurs emplacement. Il n’y a guère que dans Far Cry où l’on continue à installer des bases en contrebas de points hauts ou de falaises !
Les forteresses Vauban… contre le terrorisme
Les nostalgiques de la saga Stronghold ont le souvenir qu’une bonne fortification médiévale (c’est-à-dire haute et épaisse) peut résister à la plupart des sièges… du moins jusqu’à l’apparition des canons !
A partir de la Renaissance, avec l’arrivée de la poudre, l’ingénierie militaire doit se remettre en cause. Sebastien Le Prestre de Vauban propose alors au roi Louis XIV une structure en étoile qui servira de modèles aux places fortes françaises lors des guerres européennes.
Le fort Vauban est conçu pour optimiser la puissance de feu défensive dans plusieurs angles. Ainsi, chaque « flèche » de l’étoile couvre sa voisine. Dans le jeu Empire Total War, les forts Vauban représentent d’ailleurs un must technologique durant vos campagnes de conquête.
Et voilà qu’ils font leur retour aujourd’hui, agrémentées de moyens modernes : blocs de ciment, gabions HESCO, fossé/sas anti-véhicule suicide, et bien entendu des armes modernes. Caméras, drones ou ballons assurent aussi une surveillance permanente du périmètre, en plus des traditionnelles sentinelles.
Les Français se sont donc appliqués dernièrement à faire revivre la tradition, avec plusieurs ouvrages en Afrique, au Sahel surtout, ou comme ci-dessous en côte d’Ivoire, l’œuvre du 43ème BIMA.
Autre exemple fameux, l’armée française réinvestit et modernise en 2015 au Niger l’ancien fort colonial de Madama, qu’elle avait elle-même occupé plus d’un siècle auparavant !
Enfin, restons au Sahara pour montrer l’inédite « Grande Muraille » bâtie par le Maroc entre 1980 et 1987 : 2700 kilomètres de dunes artificielles, sur deux voire trois lignes, agrémentée de fossés antichars, de batteries d’artillerie, de barbelés… et de mines antipersonnel.
Si ces modèles de fortification conviennent peu face à un assaut lourdement mécanisé, et encore moins face à l’aviation, ils restent tout à fait efficients pour contrôler une zone dans le cadre d’une guerre de contre-insurrection.
Alors que les Tower Defence sont à la mode, et que du côté des STR, le récent Age of Empires IV appuie sur l’importance des fortifications, ces quelques exemples nous montrent que même sur les théâtres d’aujourd’hui, certaines règles demeurent immuables, offrant un curieux condensé de tradition et modernité.